Collector Paille

Edito

De collector à collectif, il n’y a qu’une paille... Et quelle paille ! Plus de 1 290 soutiens de lecteur.rices, particuliers comme professionnels et associations engagés, ont joué le jeu des préventes pour que l’ouvrage présentement entre vos mains voie le jour. Chaleureux merci à tous !

Vous voici donc avec un demi kilogramme de nos meilleurs articles dédiés à l’écomatériau paille parus depuis plus de 20 ans dans le magazine La Maison écologique. Un ouvrage inédit qui mêle les plus anciens articles historiques en format numérique et les reportages, dossiers, enquêtes et cahiers pratiques les plus inspirants et toujours aussi instructifs dans ces pages imprimées.

Un véritable voyage dans le temps, aux six coins du pays et parfois même au-delà, au cœur d’un des écomatériaux les plus vertueux qui existent, la PAILLE. Des autoconstructeurs pionniers aux entreprises qui préfabriquent désormais des parois isolées en paille en passant par les artisans et architectes engagés des débuts, les accompagnateurs de chantiers participatifs et par la structuration d’une filière nationale, ce Collector vous emportera à dos de botte de paille dans l’Histoire de la (re)naissance de ce matériau d’avenir.

Parmi les grands pas qui ont fait avancer la petite botte ces dernières années, retenons d’abord celui de 2009, porté par le bureau d’études Gaujard Technologie, qui a fait réaliser un test de comportement au feu au très officiel CSTB⁽¹⁾ sur une paroi de deux niveaux en ossature bois isolée en bottes de paille compressée. En 2012, arrive la publication des Règles professionnelles de construction en paille par le RFCP⁽²⁾, suivie en 2018 par le passage normatif en technique dite « courante » de l’ossature bois isolée en bottes de paille. Révolution pour les professionnels qui n’ont plus ni à trouver, ni à négocier des assurances décennales pour leurs chantiers.

Le champ des possibles s’est largement ouvert et ce sont désormais des bâtiments de très grande envergure qui se parent d’une isolation en bottes de paille. L’un des derniers en date : le lycée d’Aizenay (44) et ses 9 200 m² isolés grâce à... 18 000 bottes ! Mais aussi l’immeuble parisien de sept étages (lire p. 131) rénové avec une isolation extérieure en bottes de paille ou encore l’établissement scolaire privé de 4 500 m² à Saint-Médard-en-Jalles (33) dont la paille a même été enduite à la chaux alors qu’elle était jusqu’à maintenant très souvent protégée sous bardage dans les grands projets de ce type.

L’engouement va crescendo depuis 20 ans et le RFCP s’emploie à former de plus en plus de professionnel.les chaque année (3 300 en dix ans sur 315 sessions de formation), avec notamment des modules spécifiques par métier et un accompagnement des artisans lors de leurs premiers chantiers sur le terrain.

La mise en œuvre en version bottes de paille porteuses, c’est-à-dire sans recours à une structure bois porteuse, avance aussi en France grâce à des associations comme Nebraska (lire p. 88) et à la rédaction en cours d’un guide de bonnes pratiques de construction en paille porteuse. Dans les prochains mois, c’est l’isolation extérieure en paille qui devrait prendre son envol grâce à la publication de nouvelles règles professionnelles. À plus long terme, c’est la filière paille hachée à insuffler qui donnera des possibilités supplémentaires en préfabrication de parois isolantes⁽³⁾, mais aussi en rénovation. Le monde du bâtiment et celui de la paille ont clairement en tête que la réhabilitation des bâtiments existants est désormais LE levier pour mettre le secteur en phase avec les enjeux environnementaux. 
Réjouissons-nous en et donnons leur matière à de beaux chantiers...

Julie Barbeillon